Essai philosophique sur le plaidoyer de Karl Popper sur l'indéterminisme et sa thèse sur la falsification
Sylvain Barrette
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RÉSUMÉ

Bien plus que la simple causalité, le déterminisme scientifique affirme la possibilité de prévoir ou de pouvoir prédire. Dans cet essai, c'est la définition de Laplace du déterminisme qui est examinée. La réflexion de Karl Raimund Popper sur le déterminisme scientifique constitue la toile de fond de cet essai. Le déterminisme religieux consiste à affirmer l'omniscience et l'omnipotence de Dieu. Les lois de Dieu issues de la volonté divine prédéterminent tous les événements. Le déterminisme scientifique implique les lois de la nature c'est-à-dire que ce sont les lois naturelles qui exprimeront la nécessité et la prédétermination des événements dans l'univers. L'univers sera régi par ces lois naturelles compréhensibles. Le déterminisme scientifique implique l'idée de la possibilité de prédire l'état futur de l'univers en autant que l'on connaisse toutes les lois de la nature qui gouvernent l'univers et que l'on connaisse toutes les conditions initiales de l'univers à un moment donné. Selon K. Popper, le principe de responsabilité, lié au degré de précision requis pour faire la prédiction, est fort important pour décider de la véracité de la thèse du déterminisme scientifique. D'abord il faut préciser ce que l'on entend par une « Intelligence » car il y a des limitations concernant la précision d'une prédiction. De plus, il y a l'impossibilité de l'auto-prédiction démontrée par K. Gôdel. Popper pose la question de savoir comment peut-on identifier quelle donnée devra être mesurée avec tel degré de précision pour que la prédiction se réalise exactement comme on l'a calculée. Popper  veut signifier par son principe de responsabilité qu'il faudrait pouvoir préciser en les nommant et avec quelles mesures les variables des conditions initiales impliquées dans l'analyse, afin d'obtenir exactement les résultats prévus.

Popper ajoute à cela le fait que les « effets de masse » que l'on retrouve en thermodynamique empêchent les prévisions de façon précise pour un phénomène donné. En cela, on se rapproche des assertions de la physique quantique qui exprime les limites à connaître précisément les caractéristiques d'une particule atomique afin de pouvoir déterminer son état futur. C'est la nature même des objets quantiques qui contredit la thèse du déterminisme scientifique. Aucune « Intelligence »  telle que l'on peut la concevoir dans la réalité ne peut accéder à une connaissance parfaite de la nature des phénomènes quantiques. C'est matériellement impossible en raison même des limites imposées par la nature des choses. Par contre le déterminisme métaphysique sous-entend seulement que l'état présent du monde s'explique par son état antérieur ou son passé, et que l'état futur du monde résulte de son état actuel et il n'est pas question d'un agent capable de prédire ou de quoi que ce soit du genre c'est-à-dire de la faisabilité de ce genre de prédiction comme c'est le cas pour le déterminisme scientifique. Juste la simple notion de lien de cause à effet ou une idée de prédestination, semble impliquée dans ce type de déterminisme. Popper croit que cette thèse du déterminisme métaphysique est irréfutable contrairement au déterminisme scientifique. La différence entre le déterminisme scientifique et le déterminisme  métaphysique consiste dans la possibilité de faire une prédiction, ce qui n'est pas requis pour le déterminisme métaphysique.

La thèse du falsificationisme énonce qu'il n'y a pas de vérité en science mais que des théories qui n'ont pas encore été réfutées. À la question « que puis-je savoir ? » la thèse du falsificationisme montre les limites de la véracité de la connaissance en science, alors que la thèse de l'indéterminisme montre les limites d'accession à la connaissance exacte et précise, autant qu'on le souhaite, en science. Les deux thèses sont complémentaires sur cette question épistémologique en science.

Enfin, mentionnons que nous avons là un problème général qui est encore d'actualité, comme en témoigne l'ouvrage récent servant à l'enseignement au collégial de J J.-Claude St-Onge, La condition humaine, Quelques conceptions de l'être humain, le premier chapitre, intitulé : «: Le déterminisme : sommes-nous programmés? ».

16 juillet 2003