Comparaison d'hommes présentant des comportements violents envers leur conjointe et d'hommes ayant commis un homicide conjugal, en fonction du contact avec la réalité et des mécanismes de défense
Véronique Girard
03-2244935

RÉSUMÉ

Selon Statistique Canada (1993), 25% des québécoises de 18 ans et plus ont subi de la violence conjugale à un moment de leur vie. La majorité des hommes qui commettent des comportements violents présentent un trouble de personnalité limite (Dutton & Starzomski, 1993, Dutton & Kerry, 1999; Else, Wonderlich, Beatty, Christie & Staton, 1993, Raine, 1993). Les individus limites éprouvent des difficultés à maintenir des relations interpersonnelles adéquates et ces relations sont teintées de clivage. Ils sont également impulsifs. Des épisodes psychotiques transitoires, caractérisés par un contact avec la réalité altéré, surviennent à l'occasion chez les individus limites (Dutton, 1998; Kernberg, 1979). Les hommes qui commettent des comportements violents sont contrôlants envers leur conjointe. Cette prise de contrôle conduit parfois l'homme à commettre un homicide conjugal (Dutton & Kerry, 1999; Polk, 1994). Coram (1995) démontre que les meurtriers ont un faible contact avec la réalité lorsque comparés aux contrevenants non violents. De plus, les meurtriers sont davantage égocentriques et présentent plus d'impulsivité. La présente étude vise à comparer deux groupes d'individus présentant tous un trouble de personnalité limite. Le premier groupe est constitué d'hommes qui commettent des comportements violents envers leur conjointe (n=14) et le deuxième est composé d'hommes qui ont tué leur conjointe (n=14). Ces groupes sont comparés quant au nombre et au type de mécanismes de défense utilisés. Ils sont aussi comparés quant au contact avec la réalité, au contrôle dans les relations interpersonnelles et à l'impulsivité. La présence du trouble de personnalité limite est déterminée lors de la passation du SCID-H (Structured Clinical Interview for DSM-IV, 1996). Des indices du profil intrapsychique tels que le contact avec la réalité, le contrôle dans les relations interpersonnelles ainsi que l'impulsivité sont mesurés avec le Rorschach. Les défenses sont répertoriées dans les protocoles selon les réponses au Rorschach avec la méthode de Lerner (1991). Les résultats démontrent qu'au niveau des défenses, seule la dévalorisation est significativement différente, entre les groupes. Les individus qui commettent des comportements violents utilisent davantage la dévalorisation comme mécanisme de défense que les individus qui ont tué leur conjointe. Toutefois, il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes quant au contact avec la réalité. Il est altéré chez les individus des deux groupes si on se base sur les normes établies par Exner (1995). De plus, il n'y a pas de différence entre les groupes quant au contrôle dans les relations interpersonnelles ni quant à l'impulsivité. Ces résultats amènent des interrogations au niveau méthodologique et au niveau statistique.

4 mars 2003