RÉSUMÉ
Dans une population de détenus, nous retrouvons au moins deux problématiques majeures, soit un taux de suicide élevé ainsi qu'un pourcentage important de troubles mentaux. Certains troubles mentaux seraient plus associés spécifiquement aux tentatives de suicide ou bien aux automutilations. Toutefois, il est difficile de bien distinguer ces deux comportements, plus particulièrement en milieu carcéral. Cette étude s'intéresse à ces deux comportements d'autodestruction, soit les tentatives de suicide et les automutilations en les mettant en relation avec trois troubles cliniques de l'axe I et trois troubles de la personnalité de l'axe Il du « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders » (DSM). Un total de 243 hommes francophones ont été évalués dans deux établissements de détention du Québec. Parmi ces 243 sujets masculins, 67 ont présenté des comportements autodestructeurs. L'échantillon est réparti en deux groupes, soit ceux ayant fait des tentatives de suicide (38 sujets) et ceux ayant fait de l'automutilation (29 sujets). Les deux comportements autodestructeurs sont définis en fonction de la gravité du geste, telle que balisée par la Lethality of Suicide Attempt Rating Scale (LSARS) de Smith, Conroy et Ehler (1984). Le Structured Clinical Interview for DSM (SCID I et II, Spitzer, Williams, Gibbon & First, 1990) a permis d'identifier chez un individu les principaux diagnostics des axes I et Il du DSM. Les résultats n'ont pas su démontrer de différences significatives entre les sujets ayant fait des tentatives de suicide et ceux ayant fait de l'automutilpition et ce, tant au niveau des variables des troubles cliniques que des troubles de personnalité. Ceci pourrait s'expliquer par la difficulté de bien cerner les deux comportements autodestructeurs qui sont à l'étude. Néanmoins, certaines tendances sont observées et sont discutées en fonction notamment des observations antérieures de Fulwiler, Forbes, Santangelo, et Folstein (1997). Les résultats présentés ici ne remettent cependant pas en cause la pertinence de distinguer cliniquement les types de comportements autodestructeurs et, encore moins, de s'intéresser à la vulnérabilité sousjacente des personnes incarcérées.
4 mars 2003