RÉSUMÉ
Chapitre I : Caractérisation de la végétation de trois emprises autoroutières du sud du Québec
Dans une optique de gestion plus écologique de la végétation des emprises autoroutières, le ministère des Transports du Québec a initié un projet-pilote d'une durée de trois ans (1999-2001) visant à décrire la flore peu connue de ces milieux et à mesurer l'effet d'un espacement des tontes sur la communauté végétale. L'échantillonnage extensif (156 000 m2 ) et intensif (390 quadrats permanents de 1 m2 ) a été réalisé en 1999 et en 2000 sur trois tronçons autoroutiers représentant les milieux les plus fréquemment traversés par les routes dans le sud du Québec soit : agricole intensif, agro-forestier et péri-urbain. Nous avons observé 337 espèces végétales vasculaires, comprises dans 59 familles. Ces espèces représentent 13 % des 2 673 espèces végétales vasculaires répertoriées au Québec pour une surface équivalant à environ 0,01 % du territoire québécois. La famille la plus importante en terme de nombre d'espèces était celle des astéracées (14 % des espèces des trois sites pour un couvert total de 19 %), mais la plus importante en terme d'abondance était celle des graminées (9 % de la flore pour un couvert total de 34 %). Nous n'avons pas relevé d'espèce rare, désignée menacée ou vulnérable dans aucun des trois sites. Toutefois nous avons observé la présence de plusieurs espèces halophytes, particulièrement en bordure des fossés. Environ 80 % des espèces présentes dans les trois sites étaient vivaces. Les talus du site agricole abritaient proportionnellement plus d'espèces annuelles et plus d'espèces introduites que ceux des sites agro-forestier et péri-urbain. Les talus étaient aussi les portions des emprises comprenant le plus d'espèces nuisibles et indésirables avec une proportion plus grande de ces espèces pour les sites péri-urbain et agricole. La grande superficie des emprises en fait un réservoir de diversité pour de nombreuses espèces de prairies dans le paysage fortement anthropisé du sud du Québec.
Chapitre II : Éléments structurants de la diversité végétale au sein des emprises autoroutières du sud du Québec
Dans l'optique d'une gestion plus écologique des emprises autoroutières du Québec éridional, le ministère des Transports du Québec (MTQ) a initié un projet-pilote afin de tester l'effet de différentes fréquences de tonte sur la communauté végétale et les semis de ligneux. Trois types d'utilisation du sol ont été sélectionnés pour les sites expérimentaux soit agricole intensif, agro-forestier et péri-urbain. Nous avons utilisé des analyses canoniques de correspondance afin d'évaluer l'influence de plusieurs facteurs environnementaux, dont la fréquence de tonte, sur la répartition et l'abondance des espèces à l'intérieur de quadrats permanents. Nous y avons aussi répertorié les semis ligneux. Un historique de tontes répétées a favorisé la présence d'herbacées de milieux ouverts. La gestion antérieure a eu un certain effet uniformisant au niveau des talus, mais des différences dues au site étaient encore perceptibles. La topographie des emprises, la teneur en argile, l'humidité et la conductivité des sols ont été des facteurs plus structurants au niveau de la communauté végétale des emprises que les fréquences de tonte, dont on n'a pu isoler l'effet. De façon générale, la présence d'un milieu adjacent boisé ou ouvert n'a pas semblé influencer la végétation des talus. Par contre, le recrutement de semis ligneux était supérieur en présence d'arbres à proximité, particulièrement pour les groupements d'érable rouge (Acer rubrum). La densité maximale des semis de plantes ligneuses a été de 0,11 plant/m2 et leur taille n'a pas excédé 30 cm, même après trois ans sans tonte. Nous n'avons pas observé de changement directionnel clair de la végétation dans les talus des emprises, sur une période de deux ans. Les variations observées entre les traitements d'un même site semblent être plus reliées à l'hétérogénéité des sols et des conditions d'humidité déjà présentes au départ, qu'aux traitements eux-mêmes.
20 décembre 2002