RÉSUMÉ
L'essor du syndicalisme agricole dans la première moitié du XXe siècle annonce une étape décisive de la modernisation de l'agriculture québécoise. Son implantation dans le diocèse de Joliette révèle l'existence d'un mouvement social de développement où sont engagés non seulement les agriculteurs impliqués dans l'organisation mais aussi les acteurs institutionnels importants que sont l'État et l'Église.
La modernisation dont il est question ici concerne le processus d'adaptation et de transformation des structures et des pratiques agricoles pour permettre leur intégration à l'économie de marché. Cela se traduit par une utilisation croissante du capital dans la production agricole, particulièrement pour le remplacement des facteurs principaux de production que sont la terre et l'équipement. Cette modernisation renvoie, aussi, à des changements fondamentaux des rapports sociaux, politiques et culturels.
Un examen du syndicalisme agricole au niveau local, près de ceux qui se sont impliqués dans ce mouvement, s'imposait car l'essentiel de la compréhension que nous avons de l'Union catholique des cultivateurs repose sur une historiographie qui, quoique riche et intéressante, ne considère l'organisme que par sa tête et n'aborde trop souvent celui-ci que par le biais du discours idéologique.
La lecture proposée dans cette thèse, faite en marchant dans le champ, amène à reconsidérer le rôle des trois acteurs qui ont soutenu ce projet ainsi que les rapports qui les définissent. On verra en l'État québécois, plus spécifiquement en ses agents, ici les agronomes, l'inspirateur de la relance agricole et un partenaire de l'UCC. L'Église, dont la participation à l'organisme avait plutôt été perçue de façon négative, se montrera moins ombrageuse, plus ouverte qu'on ne l'avait entrevu. Par leur implication, des curés et vicaires se révéleront comme de véritables agents de la modernisation agricole. Enfin, il sera possible d'obtenir un portrait plus précis des agriculteurs qui s'engagent dans le mouvement et qui doivent apprivoiser cette institution nouvelle que représente pour eux le syndicalisme.
11 juillet 2002