RÉSUMÉ
Cette étude s'intéresse au soutien social des personnes qui présentent un trouble de personnalité limite. Cette problématique se caractérise, dans un premier temps, par les critères descriptifs du trouble selon l'American Psychiatric Association (1994). Dans un deuxième temps, le concept fait principalement appel aux notions psychanalytiques de Kernberg (1997), qui réfère alors à une organisation structurale de la personnalité. Cette recherche a comme objectif de comparer le soutien social des personnes qui présentent le trouble de personnalité limite à celui des personnes qui ne le présentent pas. Les résultats obtenus peuvent éventuellement permettre d'améliorer ou d'ajuster certains programmes d'intervention. L'hypothèse énonce qu'en comparaison des personnes qui ne consultent pas et qui ne présentent pas de trouble de personnalité limite, les personnes qui présentent un trouble de personnalité limite et qui consultent auront : moins de personnes qui composent leur réseau ; moins d'interactions intimes ; plus de relations en fonction de l'aide matérielle dont elles peuvent avoir besoin; un plus grand besoin d'aide; plus d'interactions négatives; moins de satisfaction par rapport à l'aide fournie. Les questions de recherches visent à vérifier si les caractéristiques étudiées sont spécifiques aux personnalités limites et s'il existe des différences entre les hommes et les femmes. Ce projet regroupe 68 participants d'origine québécoise, âgés entre 20 et 61 ans; ceux-ci ont été répartis en trois groupes : 25 personnes qui ne consultent pas et qui ne présentent pas de trouble de personnalité limite - 17 personnes qui consultent mais qui ne présentent pas de trouble de personnalité limite; 26 personnes qui présentent un trouble de personnalité limite et qui consultent. La recherche procède par entrevues semi-structurées en utilisant trois questionnaires : un questionnaire socio-démographique, la version française du SCID I-II pour établir le diagnostic et la version française de l'ASSIS pour mesurer le soutien social. Les résultats démontrent entre autres que le réseau de soutien global des personnalités limites est en moyenne constitué de moins de personnes aidantes et ce, à tous les niveaux. On met également à jour le fait que les personnalités limites ont une plus grande perception du besoin d'interactions intimes, une plus faible disponibilité du conjoint en général à ce niveau, ainsi qu'un nombre plus élevé d'intervenants professionnels. Les personnalités limites bénéficient au total de moins d'aide potentielle matérielle et de moins de soutien physique que les deux autres groupes. Les personnalités limites affichent significativement moins de satisfaction perçue au niveau de la socialisation, des encouragements et de l'assistance physique. Il ressort de cette étude que les personnalités limites perçoivent actuellement significativement plus d'interactions négatives à l'égard de la parenté. Ils présentent des résultats significativement inférieurs, au niveau de la socialisation, à l'égard des amis potentiels, au niveau de l'assistance physique, en fonction du conjoint potentiel actuel et en fonction du soutien total potentiel. Les résultats tendent à confirmer que, pour évaluer les bienfaits bénéfiques du soutien social, on doit tenir compte de la personnalité de l'individu, de la qualité des relations proches, de la signification de ces relations pour les personnes impliquées et de la communicafion mutuelle qui existe entre eux.
29 octobre 2001