RÉSUMÉ
Parkin, Walter et Hunkin (1995) ont suggéré que l'encodage égocentrique de l'information spatiale est un processus cognitif automatique. Naveh-Benjamin (1987, 1988) a testé si l'information spatiale était encodée automatiquement en mettant à l'épreuve chacun des critères d'automaticité proposés par Hasher et Zacks (1979). Ses résultats ont montré que l'encodage d'informations spatiales ne s'effectue pas automatiquement. Cependant, la tâche de mémoire qu'il a utilisée a probablement favorisé un encodage allocentrique de l'information spatiale. Le but de la présente étude est de tester l'hypothèse de Parkin et al. (1995) grâce à une tâche informatisée qui induit un encodage égocentrique de la position de 60 dessins présentés individuellement et aléatoirement. Cinq études ont été menées pour mettre à l'épreuve chacun des critères d'automaticité d'Hasher et Zacks (1979). Les effets de l'intention d'apprendre ont été mesurés en comparant la mémoire spatiale égocentrique de 20 participants qui ont intentionnellement appris la position des dessins à celle de 20 participants l'ayant appris de façon incidente. Pour tester les effets d'une division de l'attention, la mémoire spatiale égocentrique de 20 participants effectuant une tâche interférente lors de l'encodage a été comparée à celle de 20 participants réalisant l'encodage de l'information spatiale seulement. L'effet de l'âge a été évalué en comparant la mémoire spatiale égocentrique de 20 adultes âgés de 65 à 76 ans à celle de 20 jeunes adultes ayant entre 19 et 36 ans. L'effet de la pratique a été testé en demandant aux 20 jeunes adultes de l'expérience précédente d'effectuer la tâche de mémoire spatiale égocentrique une deuxième fois. Finalement, l'effet des différences individuelles a été mesuré en mettant en corrélation la performance de mémoire spatiale égocentrique des 100 jeunes adultes ayant participé aux quatre expériences précédentes avec leur score obtenu à un test de raisonnement non-verbal. Les résultats montrent que le vieillissement et la division de l'attention diminuent le nombre de positions spatiales correctement rapportées. Cependant, l'intention de mémoriser, la pratique et les différences individuelles n'ont pas eu d'effet significatif sur le rendement mnésique. Ces résultats partagés révèlent que l'encodage égocentrique d'informations spatiales n'est pas un processus purement automatique. Nos résultats sont en accord avec l'idée voulant que les processus d'encodage se situent le long d'un continuum de ressources attentionnelles (Hasher & Zacks, 1979). À une extrémité du continuum les processus seraient totalement automatique alors qu'à l'autre ils seraient parfaitement contrôlés. Parce qu'aucun critère d'automaticité ne s'applique à l'encodage allocentrique (Naveh-Benjamin, 1987, 1988) et que dans la présente étude, trois des cinq critères d'Hasher et Zacks (1979) sont vérifiés, nous suggérons que l'encodage égocentrique est plus automatique que l'encodage allocentrique de l'information spatiale, sans toutefois se situer à cette extrémité du continuum.
23 novembre 2000