SOMMAIRE

Cette recherche s’insère dans le cadre de la problématique stress-facteurs de protection-détresse à l’adolescence, laquelle, suscite un intérêt croissant depuis plus d’une dizaine d’années, et ce en raison de l’impact négatif que peut entraîner le stress dans la vie d’une personne. Plus spécifiquement, la période de l’adolescence suscite de nombreux changements normatifs (transformations corporelles, transition primaire-secondaire, quête d’identité) et non normatifs (tracas quotidiens, événements existentiels) susceptibles d’occasioonner du stress, notamment chez les jeunes atteints d’acné. En effet, il semble que l’acné, en tant que manifestation pubertaire typique, risque d’entraîner des difficultés telles une faible estime de soi, de l’embarras et une préoccupation excessive à l’égard de l’apparence physique (Poyner, 1997). La présente recherche porte sur des adolescents acnéiques. Le groupe clinique (n = 36 acnéiques) a été recruté par l’intermédiaire de dermatologues, le groupe contrôle (n = 37 non acnéiques), au sein de deux polyvalentes. L’ensemble des sujets (âge moyen de 14 ans) ont complété six questionnaires : Renseignements Généraux, Tracas Quotidiens (Bobo, Gilchrist, Elmer, Snow & Schinke, 1986), Anxiété Physico-Sociale (Hart, Leary & Rejesky, 1989), Apparence Physique (Marsh, 1990), Estime de Soi (Harter, 1988) et Stratégies d’Adaptation (Patterson & McCubbin, 1983). En regard d’une revue de littérature, quatre hypothèses ont été émises. La première propose que par rapport aux adolescents non acnéiques, les adolescents acnéiques ont plus de tracas quotidiens et les jugent plus embarrassants, vivent davantage d'anxiété physico-sociale, présentent une plus faible estime d'eux-mêmes, utilisent des stratégies d'adaptation plus diversifiées et ont davantage recours au coping social. La seconde suggère que comparativement à l'ensemble des garçons, les filles expérimentent plus de tracas et les jugent plus embarrassants, vivent davantage d'anxiété, présentent une plus faible estime d'elles-mêmes, utilisent des stratégies adaptatives plus diversifiées et ont davantage recours au coping social. La troisième propose que le stress entretient une relation positive avec la détresse et que tous deux sont négativement reliés avec les facteurs protecteurs, ceci pour les groupes clinique et contrôle. Enfin, la quatrième propose que l'estime de soi et le coping social jouent le rôle de facteurs protecteurs dans la relation stress-détresse et ce pour l'ensemble des sujets. Les analyses statistiques révèlent que les sujets acnéiques vivent effectivement plus de tracas quotidiens que ceux non acnéiques, alors qu'aucune différence significative n'est observée quant à l'anxiété et à l'estime de soi. Par ailleurs, les filles rapportent un degré d'anxiété physico-sociale significativement plus élevé que les garçons, mais ne se différencient pas de ceux-ci sur les autres variables à l'étude. Enfin, tel qu'attendu, le lien stress-détresse est démontré tant pour les groupes clinique et contrôle, contrairement au rôle protecteur de l'estime de soi et du coping social pour lesquels les analyses statistiques se sont avérées non significatives. À la lueur de ces résultats, des pistes d'intervention et de recherche auprès des jeunes atteints d'acné sont exposées au sein de la discussion, de même qu'une autocritique du projet.