RÉSUMÉ

    L'augmentation de la vélocité du tir du cou-de-pied au soccer constitue un des principaux objets de recherche des différents intervenants dans ce domaine. L'un des moyens utilisés pour arriver à cette fin est le raffinement de la technique des joueurs. Ce point étant acquis, il devient alors intéressant de chercher d'autres moyens permettant d'augmenter la vélocité du tir. Parmi ceux-ci, l'augmentation de la puissance musculaire semble être un facteur-clé. Il convient cependant de s'assurer que les masses musculaires impliquées dans ce geste influencent la vélocité du ballon avant de soumettre les athlètes à un programme d'entraînement axé sur la puissance musculaire.

    Plusieurs auteurs ont tenté de cerner les variables prédictrices de la vélocité du tir. L'étude de De Proft, Cabri, Bollens, Dufour et Clarys (1988-b) explique l'effet possible de la puissance musculaire sur la vélocité du ballon. Elle démontre une corrélation significative entre la puissance musculaire des extenseurs du genou et la vélocité du ballon. Plusieurs autres auteurs ont étudié les groupes musculaires responsables de la flexion de la hanche, et surtout de l'extension du genou, afin de déterminer leur importance par rapport à la vélocité maximale du tir du cou-de-pied. En revanche, de manière générale, les chercheurs ne s'entendent pas sur l'importance relative des différents prédicteurs de la vélocité du tir.

    La présente étude vise à identifier la puissance musculaire des membres inférieurs comme variable prédictrice significative de la vélocité du tir.

    L'échantillon retenu se compose de 18 sujets mâles, tous droitiers, âgés de 18 à 26 ans, pesant de 55 à 85 kg, mesurant 164 à 184 cm et possédant un niveau technique avancé. Après un échauffement spécifique aux diverses tâches à accomplir, suivant le protocole défini par Gleeson et Mercer (1996), les sujets se prêtent aux différents tests. Tout d'abord, il s'agit pour les athlètes d'exécuter huit tirs à vélocité maximale (calculée sur une distance de 2 m grâce à un système de cellules photo-électriques qui fait démarrer le chronomètre et d'un micro qui l'arrête à l'arrivée du ballon). L'appareil LIDO Active Version 1.6 (Loredan Biomedical, Inc.) sert ensuite à effectuer les trois tests de contraction musculaire. Il s'agit d'abord d'évaluer les articulations de la hanche (flexion à vélocité angulaire de 180 degrés/seconde) et du genou (flexion-extension à vélocité angulaire de 400 degrés/seconde) en travail isocinétique concentrique. Les vélocités angulaires choisies s'approchent du mouvement réel du tir et correspondent à celles déterminées par Naciri, Sirtoti et Mognoni (1988). L'articulation de la cheville est ensuite évaluée en travail isométrique à un angle de 27 degrés en flexion plantaire, tel que l'ont défini Rodano et Tavana (1991).

    Les différents prédicteurs sont analysés tant de manière individuelle qu'en combinaison. Les résultats ci-dessous présentent le seuil de signification et le coefficient de détermination du prédicteur ou des modèles prédictifs, ayant obtenu les meilleurs rapports avec la vélocité du tir. Voici le prédicteur, ou le modèle prédictif selon le cas, ayant obtenu le meilleur rapport avec la vélocité du tir :

Hanche : P = 0,0085 R2 = 0,36

Hanche, Gen.-flex. : P = 0,010 R2 = 0,461

Hanche, Gen.-ext., Cheville : P = 0,012 R2 = 0,529

Hanche, Gen.-ratio, Gen.-flex., Cheville : P = 0,020 R2 = 0,567

Hanche, Gen.-ext., Gen.-ratio, Gen.-flex., Cheville : P = 0,048 R2 = 0,568

    Les résultats obtenus démontrent l'importance de la puissance des différentes masses musculaires des membres inférieurs. Les prédicteurs analysés expliquent une partie considérable de la variabilité de la vélocité du tir, ce qui permet de conclure que l'augmentation de la puissance musculaire des membres inférieurs pourrait s'avérer un moyen efficace pour augmenter la vélocité du tir.