Cette étude vise à préciser les influences interactionnelles entre la pensée créative et les facteurs de personnalité propres à deux types de délinquants: les délinquants névrotiques et les délinquants narcissiques-structurés. L'échantillon est composé de 45 sujets divisés en trois groupes de quinze sujets soit des délinquants structurés, des délinquants névrotiques et un groupe contrôle d'adolescents ne possédant pas d'antécédents criminels. L'inventaire de personnalité de Jesness (Jesness, 1983) a permis de dégager les profils de personnalité des délinquants afin de cibler ceux qui correspondaient à un mode de fonctionnement névrotique, d'une part, et structuré, d'autre part. Les Tests de Pensée Créative de Torrance (Centre de psychologie appliquée, 1976) ont été utilisés pour mesurer la performance créative. Dans le cadre de notre étude, cet instrument différencie les deux volets de la créativité soit les dimensions verbale (quatre sous-tests) et figurée (trois sous-tests). La note globale est obtenue suite à l'addition des deux dimensions. L'évaluation de la pensée créative s'effectue en fonction de trois critères de mesure verbale (fluidité, flexibilité, originalité) et de quatre critères de mesure figurée (fluidité, flexibilité, originalité et élaboration). Les résultats obtenus confirment que les délinquants structurés sousperforment de façon significative aux mesures de créativité verbale et globale en comparaison du groupe de délinquants névrotiques et du groupe contrôle. Il n'y a pas de différence significative au niveau de la créativité figurée. Les délinquants névrotiques démontrent une pensée créative soutenue comme le démontre l'absence de différence à tous les niveaux avec le groupe contrôle. Les résultats soutiennent donc que ce n'est pas le comportement délinquant qui influence les capacités créatives mais bien le mode de structuration affective sous-jacent à la personnalité des individus qui permet ou brime l'expression d'un potentiel créatif présent chez tous.