Dans le modèle du stress psychologique de Lazarus, trois éléments jouent un rôle capital sur le degré de stress ressenti par un individu: révaluation cognitive de l'événement, les ressources internes et externes disponibles et les capacités de "coping" de la personne. Les timides et les perfectionnistes ont des ressources internes qui peuvent probablement influencer négativement l'évaluation d'un événement. Dans cette recherche, ce sont les relations entre la timidité, la pensée perfectionniste et la perception des embêtements vécus quotidiennement qui sont étudiés dans une population de femmes qui travaillent à temps plein. Pour mener à bien ce projet 176 femmes, dont 105 collaboratrices (non-cadres) et 71 Gestionnaires (cadres), ont répondu à cinq questionnaires. En moyenne, elles sont âgées entre 30 ans et 49 ans (90%) et disent avoir un conjoint (65 %). Les hypothèses de la recherche sont les suivantes: 1) il existe un lien entre la timidité et l'intensité ressentie aux embêtements quotidiens, de même qu'entre le perfectionnisme et le degré d'embêtement exprimé, 2) il existe un lien entre le perfectionnisme et la timidité, 3) les timide-perfectionnistes perçoivent les embêtements de leur environnement comme étant plus stressants et 4) les femmes gestionnaires sont plus stressées et plus perfectionnistes que les collaboratrices cependant moins timides qu'elles. Les résultats indiquent qu'il y a une faible relation, quoique significative, entre l'intensité des embêtements quotidiens et la timidité et un lien plus important avec le perfectionnisme. Les résultats ont aussi montré une relation assez forte entre la timidité et le perfectionnisme, principalement en ce qui concerne les facteurs "doute de ses capacités" et "dérangé par les erreurs" de l'échelle de perfectionnisme. Par contre, le fait d'être à la fois timide et perfectionniste ne rend pas l'intensité et le nombre d'embêtements quotidiens plus élevés. Concernant la dernière hypothèse, les femmes gestionnaires sont statistiquement plus perfectionnistes que les collaboratrices, particulièrement parce qu'elles se fixent des normes plus élevées à rencontrer, elles craignent de faire des erreurs et perçoivent que les attentes parentales étaient élevées. Finalement il n'y a aucune différence entre les gestionnaires et les collaboratrices en ce qui concerne la timidité. Une première conclusion est que les femmes timides ne sont pas stressées dans le domaine du travail et des relations interpersonnelles, probablement à cause de leur tendance à se retirer des situations qui les dérangent. Une deuxième conclusion est que les timides ont un mode de pensée perfectionniste, principalement parce qu'ils doutent de leur capacité par rapport à ce qu'ils accomplissent, ils craignent de faire des erreurs ainsi que la critique des autres. Enfin, le fait que les femmes gestionnaires ne soient pas davantage dérangées par les micro-stresseurs de la vie quotidienne indique soit que les gestionnaires de cette compagnie ne subissent pas les effets des responsabilités et des heures de travail supplémentaires ou bien "elles disposent de ressources efficaces pour gérer ce stress, par exemple une estime de soi plus élevée, ou elles ont un mode de "coping" plus optimiste et actif. Cette recherche est réalisée à raide du modèle d'autorégulation de Carver et Scheir, du concept de timidité de Buss et de Leary et du modèle de stress de Lazarus et ses collègues.