Sommaire

    Depuis Kanner, l'autisme infantile ne cesse de soulever l'intérêt des théoriciens et des chercheurs. On n'est cependant pas encore parvenu à préciser la ou les causes de cette pathologie. Au moment où Kanner a fait connaître la définition de l'autisme, on supposait que l'étiologie de ces comportements était d'abord environnementale et qu'ils étaient en particulier dus aux attitudes et réactions parentales. Il était donc logique de viser la "guérison" en remédiant à ces expériences précoces. L'approche éducative occupait une place secondaire jusqu'à tout récemment. Ce changement de perspective résulte de la reconnaissance grandissante de la déficience cognitive en autisme.

    La recherche expérimentale sur l'autisme infantile a montré que certaines déficiences avaient une influence importante sur les apprentissages de l'enfant. Les enfants autistiques ont des déficits de la mémoire à court terme au niveau des modalités à la fois visuelles et auditives des stockages de l'information. Il y a également un retard de maturation de la mémoire séquentielle, des concepts temporels et du raisonnement hypothético-déductif. De plus, l'enfant autistique est incapable d'imiter et de prendre des initiatives. Cependant, les recherches démontrent que les enfants autistiques sont capables d'apprentissage. Toutefois, on sait peu de choses sur la manière d'apprendre de ces enfants.

    Le but premier de cette recherche est de déterminer si l'enfant autistique a la capacité d'apprendre et de transférer l'apprentissage reçu. Pour déterminer le potentiel d'apprentissage (P.A.) des enfants autistiques, nous utiliserons le test du potentiel d'apprentissage de Jourdan-lonescu (PAV 92). Ce test est une épreuve où l'examinateur fournit des aides au sujet afin qu'il puisse résoudre la tâche. Le type d'aide utilisé par l'enfant autistique peut expliquer sa façon d'apprendre.

    L'expérimentation a été faite sur un échantillon de 8 sujets autistiques, comprenant deux filles et six garçons. Les sujets étaient âgés entre 4,3 ans à 11,7 ans. Les sujets ont été recrutés par l'entremise du Pavillon Arc-en-Ciel et de l'Association Québécoise de l'autisme chapitre Mauricie-Bois-Francs. Une approche de diagnostic progressif a été utilisé. La validité du diagnostic d'autisme a été vérifié à l'aide du dossier psychologique ou psychiatrique de l'enfant, le DSM-IV ainsi que le Childhood Autism Rating Scale (CARS). Nous avons également utilisé pour déterminer s'il y avait un retard mental, le Stanford-Binet (3ème édition) et l'Échelle de développement Harvey. L'évaluation s'est terminée par la passation du test du potentiel d'apprentissage.

    Les résultats obtenus établissent clairement que les enfants autistiques ne bénéficient pas des aides apportées pour réaliser une tâche. Aucune aide utilisée lors de la passation du test du potentiel d'apprentissage n'améliore le rendement des enfants autistiques. Leurs résultats démontrent notamment que quelque soit le niveau apparent des capacités des enfants autistiques, ceux-ci ont de faibles possibilités d'attention, surtout pour une nouvelle information (aide accordée) de sorte qu'ils sont incapables de profiter des techniques d'apprentissage introduisant une indication supplémentaire pour faciliter une tâche. Au contraire, il semble que chez les autistes ce procédé ralentisse l'apprentissage.

    Considérant l'impossibilité de déterminer une aide adéquate pour améliorer les apprentissages chez des enfants autistiques, nous sommes également dans l'impossibilité de faire des recommandations générales valables pour favoriser l'apprentissage des enfants autistiques. La diversité des symptômes et des fonctionnements des enfants autistiques oblige à un ajustement individuel de la pédagogie. De plus, comme la recherche a été faite auprès de sujets autistiques déficients, il s'avère impossible de généraliser les résultats auprès des cas d'autisme pur.

    Cette étude permet par contre de mettre en évidence les profils de fonctionnement des enfants autistiques. En effet, les études de cas nous ont permis d'observer un profil de développement hétérogène, des problèmes sévères du comportement qui influencent le rendement aux différentes épreuves et l'utilisation d'une partie du corps de l'autre pour saisir un objet qu'ils désirent.